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— Deux immeubles, rue de l’Homme-Armé.

— Laissez-moi tranquille ! Monsieur Rameau, je vous le répète : abandon complet de tout. Je l’ai assez répété.

— Vous ne le pouvez pas, monsieur Richomme,

— Comment cela ?

— Comme vous êtes le plus fort créancier, vous avez été nommé syndic de la faillite.

— Syndic ! syndic ! Il faudra que j’assiste à toutes les assemblées de créanciers tous les huit jours. Mais ma terre ! mon repos !

— J’en suis désolé ! c’est indispensable.

— Ah ! c’est ce que nous verrons, s’écria M. Richomme, en poussant M. Rameau, en s’élançant dans la carriole et en fouettant le cheval de toute la longueur de son bras.

Il fut bientôt sur les quais, et alors, laissant la conduite de la carriole au conducteur, il s’enfonça dans un coin, la tête cachée sous son chapeau cyclopéen, de peur d’être aperçu par quelque négociant, courtier ou commis en rapport avec sa maison de droguerie.

— Enfin je suis heureux ! je suis libre ! murmura-t-il quand il eut aperçu les arbres plantés au delà de Bercy. Je n’ai plus aucun lien avec Paris !

Cependant M. Richomme, malgré son exclamation, pensait à son achat des cent quintaux de cannelle, à sa signature apposée au bas de huit lettres de change, à sa nomination de syndic dans la faillite de M. Jérumin. Si la cannelle allait baisser tout à coup, si Versolois ne payait pas ; soucis, remboursements : si le tribunal de commerce le forçait à être syndic ?…