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— C’est que je ne suis plus dans le commerce ; je suis rentier, je suis bourgeois, je suis un ermite.

— On est toujours dans le commerce pour d’aussi belles affaires. Quand faut-il livrer ?

— Puisque vous m’y forcez, livrez tout de suite. Mais je ne mets point de signature. Tout au comptant, rien qu’au comptant.

— Comme il vous plaira.

— Fleuriot, cria Richomme à son gendre, tu régleras au comptant avec M. Versolois cent quintaux de cannelle. Adieu, monsieur Versolois ! c’est ma dernière affaire dans ce monde.

Cette affaire avait retardé d’une heure le départ de M. Richomme.

Comme il remontait une seconde fois en carriole, un homme plus fort que lui le prit par le milieu du corps et le remit à terre.

— Tiens ! c’est toi, Demarrois.

— C’est moi, Richomme.

— Tu arrives à temps, Demarrois, pour m’embrasser. Je pars pour les Petits-Déserts. Je ne suis plus dans le commerce. Souhaite-moi un bon voyage.

— Un moment. J’attends de notre vieille amitié que tu m’endosses ces huit lettres de change que j’ai souscrites à Bruny. Tu sais que je suis d’une exactitude éprouvée.

— Je le sais, mais j’ai rompu avec les affaires…

— Mais pas avec l’amitié, Richomme. Nous avons fait nos campagnes ensemble ; tu as été plus heureux, Dieu soit béni ! Ce n’est pas une raison pour me désobliger…

— Moi, te désobliger !