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calement sur l’épaule de Fournisseaux, que le dévouement et la tristesse avaient rehaussé à la plus noble expression de la fidélité domestique ; après avoir placé sa femme dans la carriole de voyage, M. Richomme, le cœur abattu, mais délibéré, s’appuya sur le marchepied pour partir.

Un homme le retient par les pans de son habit. Il reste suspendu sur le marchepied.

— Que me veut-on ?

— C’est moi, monsieur Richomme ; Versolois.

— C’est vous, monsieur Versolois ; j’en suis bien fâché, mais vous le voyez, je pars pour ma terre.

— Je n’ai qu’un mot à vous dire ; un simple mot. J’ai une partie de cannelle…

— Il est trop tard. Je me suis retiré des affaires. Adieu, monsieur Versolois.

— Cent quintaux pur Ceylan. Une belle affaire.

— Impossible de vous entendre.

— Cinquante pour cent de bénéfice à réaliser dans trois mois.

— C’est beau, dit Richomme en abandonnant le marchepied et en touchant la terre.

— C’est superbe, monsieur Richomme, voyez les échantillons.

Et M. Richomme prit la cannelle, la brisa, la sentit et la goûta en s’écriant :

— C’est du fin, c’est du relevé. Vous dites cent quintaux. La place de Paris en manque.

— Cent quintaux, monsieur Richomme. Vous les prenez, n’est-ce pas ?