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en maître fâché de tant de liberté, moitié en ami touché de la licence.

— Zoé, ne te monte pas ainsi l’imagination, s’efforça-t-il d’ajouter avec plus de calme ; si nous changions une ville pour une autre, je n’essayerais pas de te consoler ; mais nous quittons l’arrondissement et le quartier pour aller vivre à la campagne, aux champs, aux Petits-Déserts, où nous trouverons le repos. Ne désirais-tu pas le repos ?

— Sans doute, monsieur Richomme, sans doute.

— Nous fréquenterons des bourgeois retirés comme nous. N’as-tu pas dit cent fois : Toujours travailler ! pas de trêve à nos vieux jours !

— Je ne dis pas non.

— Sois donc raisonnable ; veux ce que tu as voulu.

— Et moi, je vous écrirai toutes les semaines, maman, pour vous donner des nouvelles de vos amis du quartier, de madame Farge, de madame Blessois et de votre ami M. Burdin.

— Oui ! ne manque pas, entends-tu, Lucette ? Mais est-on bien sûr, Richomme, que les lettres ne s’égarent pas d’ici aux Petits-Déserts ? C’est si loin !

— Tu n’y penses pas, madame Richomme ; je suis en correspondance réglée avec les négociants de Pondichéry.

— Alors, c’est différent, mon ami. Oui, écris-moi, Lucette ; mais forme bien tes lettres surtout, ma mignonne.

— Oui, maman.

Ici le dialogue auquel participaient. M. et madame Ri-