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routinières de la spécialité ; peut-être s’en éloigna-t-il trop. Après avoir fait son droit, non pour être avocat, mais pour connaître à fond et savoir expliquer au besoin la législation commerciale, Alexandre Fleuriot prit en dégoût la profession de son père qui devait être la sienne. Au lieu de s’occuper, dans l’étude des lois, des rapports du commerce avec l’administration du pays, il ne s’attacha qu’à examiner la valeur, la portée et enfin la justice de la législation en elle-même. La politique l’entraîna, et il négligea pour elle les intérêts positifs de la maison qu’il était appelé à diriger au moment où son père se retirerait. Venu à une époque, facile à l’ambition des jeunes gens riches, il rêva, comme tant d’autres, celle de la tribune. Selon lui, il était mille fois préférable de tirer ce glorieux bénéfice de l’opulence de sa famille, que de chercher, au prix d’une foule de risques, à en grossir le chiffre. D’ailleurs, il voulait être député, et on comprend qu’il se posât les plus spécieux raisonnements du monde, pour avoir raison avec lui-même. Cette obstination fut un grave chagrin pour son père, enthousiaste de sa profession, et de vingt ans trop vieux pour comprendre l’indifférence de la jeunesse pour cette industrie qui commence au minéral le plus caché et ne finit pas aux plus hautes branches du cèdre. Son espérance s’était flétrie. Comme les Richomme, les Fleuriot, tous les Fleuriot, avaient marqué dans la droguerie ; et le dernier rejeton mentait à l’arbre tout entier. Il portait un fruit inconnu : la politique. D’année en année le chagrin de cette déception s’aggrava au fond du cœur du vieux droguiste, et le jour où son fils, eut l’honneur de se faire nommer président du comité électoral de l’arrondissement, il tomba