Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette visite. Voilà les clefs de nos magasins, répond Fournisseaux ; je vous demande à emprunter quarante mille francs là-dessus. Je suis Fournisseaux, homme de peine de M. Richomme, le droguiste. — Cette confiance sublime frappe le généreux banquier. — Attendez un instant, monsieur Fournisseaux, lui répond M. L…, je reviens. — Dix minutes après, Fournisseaux descendait l’escalier de l’hôtel avec quarante billets de banque dans le chapeau. M. L… le rappela pour lui rendre les clefs.


III

Le gendre de M. Richomme était aussi d’une famille dont s’honorait le commerce de la droguerie. Son père avait été le fondateur d’une maison en grande renommée, non-seulement à Paris où était son comptoir principal, son centre commercial d’action, mais encore à l’étranger. Esprit vaste, il ne confondait pas le petit négoce avec l’industrie. Plusieurs voyages aux Indes et en Amérique, des études en chimie, des connaissances variées en botanique lui avaient donné des avantages extraordinaires sur ses concurrents, gens de boutique, façons d’épiciers et de pharmaciens de village. Quoique savant, il avait réussi dans presque toutes ses opérations pendant plus de quarante ans d’exercice. Sa mort légua à son fils, Alexandre Fleuriot, le gendre de M. Richomme, près de trente mille livres de revenu, indépendamment d’un nom en crédit et de l’établissement de droguerie du faubourg Saint-Antoine. Celui-ci s’éloigna encore plus que son père des traditions