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Un bois ! moi qui n’ai jamais, connu que celui de Romainville ?

— Peu de sangliers, monsieur Richomme, mais beaucoup de lièvres.

— Donc je chasserai ; c’est forcé. Voilà encore du bonheur, ou je ne m’y connais pas.

— Sans doute, vous chasserez et vous pécherez aussi ; il y a de l’eau dans votre propriété.

— De l’eau comme la Seine ! et des poissons, des ablètes, des soles. Tous mes souhaits s’accomplissent ; la pêche le matin, depuis le lever du soleil jusqu’à dix heures ; au retour de la pêche, on déjeune avec quelques amis ; le déjeuner à onze heures ; ensuite la chasse dans mon bois jusqu’au dîner ; on se rend au salon au bruit de la cloche ; après dîner, les jeux, le tric-trac, le billard, les échecs, le whist avec M. le curé. Et parfois on va passer la soirée chez les voisins, les manufacturiers étrangers. À propos, Fleuriot, je te recommande essentiellement, et ne va pas l’oublier, de ne m’envoyer aux Petits-Déserts aucun journal quelconque, soit politique, soit littéraire, soit de théâtre. À quoi bon ? Je ne m’intéresserai plus à aucun des événements de ce monde de bruit et de dissipation, auquel j’ai donné une assez belle part, j’espère, d’attention et d’activité. Mais continue, Fleuriot, à me peindre les nombreux agréments de ma propriété. Tu m’as mis en goût ; tu m’as presque rendu ambitieux.

— Vous avez encore un pré magnifique, et d’un excellent rapport ; un immense verger.

— Vraiment ! Et je mangerai des fruits de ma propriété ?