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UN HOMME ARRIVÉ.


I

— Oui ! comme tu le dis, mon cher gendre, je dois renoncer, le moment est enfin venu, à travailler et à me fatiguer. On n’est pas riche pour ne pas s’en apercevoir, j’ai cinquante-trois ans ; quarante ans bien comptés que je suis dans la droguerie ; je ne m’en plains pas. Si j’ai commencé à treize ans à faire mes preuves dans ce magasin même où j’étais entré en qualité de commis de recettes, sur la recommandation de M. Barillier, l’ami de mon père, j’ai gagné une fortune assez ronde ; nous pouvons en parler entre nous. Quatre cent mille francs en biens fonds sur le pavé de Paris ; autant d’inscrits au trésor ; avec cela, on peut vivre honnêtement sans rien demander à personne.

Et, quand j’y pense, ce n’est encore là que la moitié de mon contentement, puisque je t’ai mariée, ma Lucette, avec un brave homme et un homme de talent, j’espère.

— Mon cher monsieur Richomme, répondit le jeune