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— Quoi donc ?

— Rien. — Un vieux souvenir.

— Or, cet Anglais avait parcouru l’Égypte, la Syrie, l’Arabie, la Perse, l’Inde, le Japon.

— Et il s’y était ennuyé ?

— Et d’un ennui dont il s’attribuait la cause. Folie, se dit-il, d’aller toujours où l’on veut aller et où tout le monde est allé ; car on ne va jamais que là. Quelle routine de revêtir toujours l’habit de voyage des autres, et de marcher dans leurs souliers !

— John ! dit-il à son intendant, vous me conduirez désormais où il vous plaira ; je vous laisse le choix entre les quatre parties du monde. Seulement ne m’apprenez jamais où nous serons ; peu m’importent, vous le savez, les villes et leurs habitants. Je ne parle à personne, je ne m’intéresse à rien. Roulez-moi, c’est tout ce que je vous demande.

Depuis deux ans, l’intendant de Mac Ferluûs obéissait avec la plus aveugle exactitude aux ordres donnés par son maître, qui avait pu se croire en Perse, lorsqu’il avait une seconde fois traversé la Turquie, et qui s’imaginait se trouver peut-être en Allemagne ou en France, quand je le rencontrai en Suisse.

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La barrière de l’Étoile est, par sa situation, la plus magnifique de toutes celles qui cernent Paris. On dirait une écluse à pic d’où s’écoulent, dans Paris, qu’elle domine, des vagues incessantes de voitures de toutes formes, de