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son. Je me renferme dans cet ordre. Vous ne devrez jamais compte à qui que ce soit, songez-y bien, ni de la fortune, ni de la vie, ni de la mort de Katty.

« Adieu !
« Brady.

« P. S. Après la mort de ma fille, les soixante mille livres de revenu dont elle aura joui vous appartiendront. »

Et je restai seul avec miss Katty, monsieur, acheva le révérend Anderson. Voilà trois mois que je lui sers de père. Voilà trois mois, ainsi qu’ils se l’étaient juré, que je n’ai rien appris sur lord ni sur lady Brady. Dans trois mois j’emmènerai miss Katty loin de Paris. Où ? je l’ignore.

— Mais, monsieur, m’écriai-je, ne me contenant plus, vous qui êtes l’homme de l’expérience, le savant dont l’esprit n’est pas offusqué par les terreurs de l’amour paternel, cette enfant vivra-t-elle ?

— Oui ! me répondit le chapelain.

— Est-ce qu’elle ne mourra pas à huit ans comme ses deux sœurs ?

— Non !

— Consolant espoir ! lui dis-je. Ce non vaut un million de contentements inexprimables pour moi, pour moi à qui cette enfant n’est rien. — Rien par le sang. Tout, par ce que vous m’en avez appris.

— N’est-ce pas, me dit-il en se levant, que demain il y aura un couvert de plus à la table de milady Katty ?

J’acceptai.