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accent qui fait mal dans la voix des hommes, il me dit en tirant les rideaux du berceau de sa fille.

— Anderson ! que son convoi soit digne de sa race.

Jamais enfant n’avait été plus beau dans le sommeil.

Voici ce qu’avait écrit lord Brady, la nuit du départ.

Le docteur tira une lettre de sa poche.

« Mon cher monsieur Anderson,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Cette enfant est sous votre protection jusqu’au moment de sa mort. Je lui laisse soixante mille livres de revenu dont vous dirigerez l’emploi aussi longtemps que la Providence le permettra. Élevez-la selon son rang, sa fortune, qui est à l’abri de toutes les vicissitudes possibles à prévoir, et selon sa naissance sans tache. Je crois inutile de vous recommander le plus grand soin à ne nous donner ni à moi ni à sa mère aucune nouvelle directe ou indirecte de Katty. D’ailleurs vous ne pourriez guère violer cet ordre à mon égard, car vous ignorerez toujours la contrée où je vivrai caché. Vous savez que je pars avec la résolution et sous le serment de ne jamais m’informer d’elle. Moins sûr de la fidélité à tenir un semblable engagement de la part de sa mère, je vous impose l’obligation de quitter Paris dans six mois après avoir changé, sans aucune exception, tout le personnel de la maison. Anderson, vous m’avez juré de votre côté de ne jamais divulguer la retraite où, sous un autre nom que celui que vous portez aujourd’hui, vous vous serez retiré avec ma fille. Ainsi, c’en est fait pour la vie et pour l’éternité, mon cher Ander-