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Du même âge que Katty, ou à peu près, les autres enfants étaient envieux de son bonheur.

Mais elle leur souriait familièrement du coin de l’œil, afin de leur inspirer de l’indulgence pour une préférence de hasard, pour un hommage public dont elle n’aurait pas refusé de partager l’honneur. Qu’y faire ? semblait-elle leur dire avec résignation, tout le monde ne saurait être reine à la fois.

Cependant, au sein de son triomphe, Katty ne comprenait pas trop pourquoi son père et sa mère pleuraient ; pourquoi ses domestiques pleuraient aussi, et beaucoup d’autres encore.

La réflexion ne la chagrina pas davantage. Une petite fille s’était peu à peu détachée du cercle de ses compagnes, et les yeux baissés, et se traînant sur les genoux, elle s’était avancée vers Katty, pour lui dire tout bas :

— Vos petites amies et moi, vous demandons, mademoiselle, si vous ne nous donnerez pas notre part de ce qu’il y a dans la corbeille.

— Vous en aurez votre part, je vous le promets.

— À la bonne heure : ce serait fort mal sans cela, Katty.

Tous ces enfants auraient bientôt un à un envahi les abords de l’autel autour de Katty, si un coup de sonnette n’eût averti que le prêtre, sorti de son oraison, allait commencer la cérémonie attendue.

La prière particulière à ces sortes de cérémonies est fort courte.

Ce qui la suivit ne fut pas long, mais pénible.