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frères du dehors, en même temps qu’on enjoignit au moine d’avoir à reprendre son inspiration.

— Est-ce que nous allons recommencer ? s’informa Boccold au prédicateur, qui ne trouvait plus si facilement la parole depuis que, de la hauteur où il était, il apercevait mieux que personne des habits jaunes et des pointes d’acier partout.

Les oreilles pleines de bruit, le visage ruisselant de sueur, pensant peut-être à son monastère si paisible, Il reprit :

— Ils ont encore, mes frères, des habits plus riches que ceux que portaient les Égyptiens dans les mystères d’Isis : ils sont Égyptiens. Ils ont des mitres aussi élevées que leur orgueil, éblouissantes de diamants, telles qu’en avaient au front les grands prêtres de Jérusalem ; ils sont juifs. Ils ont des sandales d’or, ainsi que les augures : du temps d’Auguste : ils sont païens. Juifs, Égyptiens, païens, sont-ils chrétiens par quelque endroit ? Non !

— Ohé ! donc hurlait la populace, païen, juif de légat, pourquoi as-tu de beaux habits ? À bas tes beaux habits ! tes mitres de diamants ! Au feu tes mitres, tes sandales ! au feu !

— À bas ton bâton d’ivoire ! ton camail de dentelle ! au feu !

Aux cris de : Au feu ! ceux que les lansquenets ne tenaient presque plus en respect recoururent à une mesure de désespoir. Pfeiffer était debout, dressant sa figure patibulaire. Ils renversent Pfeiffer, et le couchent en manière de bélier romain sur le dos de dix des plus déterminés. Les lansquenets ne savent que penser de cette machine