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me reproche l’abandon de mon enfant. — Que Dieu vous entende ! Criez, lord Brady : Je veux cela, milady !

Lord Brady se leva et cria :

— Je le veux ! — Amen !

Ici le révérend Anderson quitta sa place et parcourut à grands pas l’appartement.

Il n’est pas bien que les hommes pleurent ; les docteurs en théologie, surtout.

Au bout d’une demi-heure il reprit son récit.

Il avait été décidé que le jour où lord Brady et sa femme se sépareraient de Katty, serait celui qui verrait la jeune miss adopter solennellement le blanc.

La cérémonie eut lieu dans une chapelle du faubourg Montmartre, et l’on y invita tous les enfants qui avaient figuré à la fête de Boulogne. Enfants, on leur demandait des prières pour une enfant de leur âge et de leur pays.

Dans la chapelle il y avait une foule de gens qui avaient suivi les voitures du cortège, de ceux qui suivent toujours, allât-on se noyer.

Marchant entre son père et sa mère, Katty s’avança vers l’autel où l’attendait le prêtre, accompagnée par devoir et par affection de toute la livrée de sa maison. Ces domestiques portaient de gros flambeaux de cire chargés à la poignée d’écussons armoriés, une corbeille de satin blanc en forme d’urne, et trois coussins.

Les enfants s’informaient tout bas, les uns les autres, si cette corbeille contenait des dragées ou des fleurs, des cerceaux ou des cordes.

Un d’entre eux qui laissait pendre un cordon de toupie