Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de qualité détestable, coupé carré, de la dimension de nos passe-ports, imprimé très-menu avec de l’encre ténébreuse et des caractères trébuchants comme s’ils étaient ivres. Au milieu de ce quelque chose carré, jaune et noir, les armes du pape ; à chaque coin, saint Pierre et saint Paul, l’un avec ses clefs, l’autre avec son glaive ; mal venus tous deux, horribles, mais encore trop beaux pour le papier et le latin dont était taché le papier.

— Merveilleux commerce, en vérité ! seigneur Zodiaco, et préférable de beaucoup à celui de notre ladre Maximilien, que vous citiez tout à l’heure ; car vous, marchand d’indulgences, vous ne craignez pas de mauvaises années. Notre saint-père ne compte pas ; il vend des indulgences autant qu’il en peut bénir ; il se fait bonne mesure. — Ah ça ! pourtant, maître Zodiaco, qui assure notre saint-père que sa sœur ne vend pas plus d’indulgences à l’archevêque de Mayence qu’elle n’en a réellement acheté ? Entre frère et sœur, ces petits larcins n’ont rien de coupable. À sa sœur, qui garantit la moralité de revente de monseigneur l’archevêque Albert de Mayence ? et à l’archevêque votre fidélité de marchand ? S’il vous est permis, par exemple, de tirer cent âmes du purgatoire avec cent papiers comme celui-ci…

— Prenez garde de les tacher.

— Ne craignez rien. — Cent âmes de l’enfer avec cent indulgences ; si vous devez bénéficier sur mille pardons en adultère, année commune, sur mille remises de grâce pour vols, trahisons, assassinats, qui assure à ceux qui vous ont vendu, et de l’un à l’autre, jusqu’à notre saint-père, que chacun séparément vous ne tirerez pas un peu l’étoffe à vous ?