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ruine de la religion, et vous ajoutez maintenant qu’il serait la vôtre : vous êtes donc le bon Dieu ?

— Et de tant d’autres encore. Savez-vous si on lui permettra de prêcher longtemps sur ce ton ? et alors ne se révoltera-t-on pas ? Il n’y a donc plus de Dieu ni de potence en pays d’Allemagne : l’un pour les honnêtes gens, l’autre pour ceux qui les persécutent ?

— Je puis vous assurer qu’il y a encore des potences en Allemagne.

— À quoi les emploie-t-on ?

— Je vous le demande. Mais de quoi vous plaignez-vous tant ? Seriez-vous marchand de chanvre ?

— Seigneur étranger, il paraît que vous n’avez pas tout d’abord saisi la liaison de mes idées.

— Seigneur Zodiaco, c’est peut-être l’effet de la bière et de mon ignorance native, mais j’y vois trouble dans vos raisonnements.

— C’est pourtant simple, seigneur étranger, malheureusement vous êtes né sur la Rotte, de l’autre côté du Rhin. Si vous étiez Allemand, vous me comprendriez sans peine. Écoutez-moi : notre glorieux empereur Maximilien, que Dieu favorise, a, par exemple, la propriété de toute la farine, de toute l’orge, de tout le charbon ; de tout le sel de l’empire. Est-ce vrai ?

— Très-vrai, respectable Vénitien. Dieu seul au ciel et les rats sur la terre pourraient lui faire tort d’un grain.

— À merveille ! Mais pour cela Maximilien, qui aime l’argent comme vous et moi, dès que la récolte est rentrée, ne va pas sur les marchés de l’empire vendre, ainsi qu’un fermier, son orge impériale. Suivez-moi ; vous paraissez