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Vunschelrouthe). On nommait alors ainsi celui qui, par une perception déniée à nos époques de lumières, devinait en marchant, et en tenant, une baguette de noisetier dans les deux mains, l’endroit de la montagne qui recelait les mines de fer ou d’argent, les sources d’eau. Il vivait ordinairement dans la mine qu’il avait découverte sans être soumis à aucune charge ou servitude. Comme la plupart des êtres privilégiés, le respect qu’il inspirait n’était pas uniquement composé d’amour ; beaucoup d’effroi s’y mêlait ; car, outre la divination des métaux, il possédait la faculté non moins exceptionnelle et non moins redoutée de sentir trembler la baguette de noisetier entre ses doigts nerveux, lorsqu’il était dans le voisinage d’un meurtrier.

Les mineurs s’écartèrent pour le laisser passer. Il monta sur le tertre qu’on lui avait dressé, et il affecta bientôt l’enthousiasme et l’emportement d’un oracle. Peu rassurées, les femmes se mêlaient à des groupes de mineurs, et, passant leurs petites têtes enfumées entre les jambes de leurs pères, qu’elles écartaient pour voir et qu’elles étreignaient comme deux colonnes pour se raffermir contre la terreur de ce qu’elles voyaient, les jeunes filles regardaient l’homme à la baguette, le terrible Vunschelrouthe.

— Creusez, ordonna-t-il, creusez là ; il y a du fer.

Les mineurs se mirent à la tâche ; ils fouillèrent un des quatre trous qu’ils avaient creusés. Ils soufflaient : la terre volait derrière leur épaule.

— Menteur ! menteur ! lui cria-t-on de toutes parts.