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Ulrich passa la chemise noire ; nouée étroitement à son cou, elle descendait jusqu’à ses pieds en forme de sac.

— Suivez-moi maintenant. Votre main ; avancez le pied ; ne craignez rien : je vous conduis au centre de la salle où nous venons d’entrer. Vous allez heurter une barrière ; posez-y les mains, et ne bougez pas. — Vous êtes à l’entrée du puits ; sans désemparer, passez votre corps sous la barrière. — Bien. — Allongez la jambe ; tenez-vous toujours fort à la barrière. — Sentez-vous une entaille dans le trou ?

— Oui, Gottfried.

— Coulez votre pied, appuyez-le sur l’entaille ; autant de l’autre côté, il y a une autre entaille. Posez toujours un pied à droite, l’autre à gauche ; mettez vos mains où auront été vos pieds, dans les mêmes entailles.

— Est-ce bien profond ?

— Quatre-vingts pieds. — Seigneur, il serait prudent de ne pas parler pendant quelques instants.

Après ces recommandations, continuant à descendre dans ce boyau creusé à vif dans le rocher, Ulrich et Gottfried se poussèrent en silence ; car, passé le premier, le conducteur était attentif à faire sentir le voisinage de ses épaules à Ulrich, qui parvint de cette périlleuse manière jusqu’à la seconde galerie. Là, ils se reposèrent un instant, Gottfried ranima la lampe.

Au centre de cette seconde salle s’ouvrait un autre puits, mais plus large et plus profond que le premier, et qui ne lui était pas perpendiculaire ; sombre comme le chaos, béant et déchiré comme un volcan éteint. Au-dessus du