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être fort belle, si le peintre avait été exact, et il l’avait été assurément, car le portrait était admirablement peint.

— La contemplation du père entraîna celle des fils et celle de Gottfried le sondeur. Comme ils étaient debout, la tête rejetée en arrière pour considérer plus attentivement le portrait ; la flamme les éclairait à profil fuyant : et cette flamme, et ce feu, et ces hommes, dont la barbe de l’un était si belle, et ce portrait colossal qui semblait monter devant eux, eussent fait croire à l’évocation bienheureuse de la dame protectrice du château.

C’était mieux que cela ; c’était une mère.

Le graf essuya une grosse larme.

— Allons, mes enfants, il se fait tard.

Et appuyé sur son fils aîné Johann et sur le bras d’Ulrich, il traversa la salle, et s’abaissa sous la portière que le sondeur Gottfried souleva, visiblement fier de cet office, que le hasard l’obligeait à remplir.

Rangés sur le passage du graf, les domestiques le saluèrent et crièrent jusqu’à ce qu’il fût au haut de la rampe :

— Dieu vous donne une bonne nuit, maître.


IV.

Arrivé à l’entrée de la mine, Ulrich pénétra sous un rocher taillé en voûte qui dérobait la vue de la plaine, et descendit de cheval.

La nuit était venue.

Quand il se fut débarrassé de ses éperons, qui l’auraient