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— C’est que Johann est libre, mon père, répondit Ulrich au lieu de Johann.

— Eh bien, Gottfried, qu’il soit fait comme d’usage ; donnez la liberté à un serf de la mine.

— J’ai à vous rappeler qu’un de vos fils, ordinairement c’est l’aîné, doit être présent à la cérémonie pour prononcer le vous êtes libre ! sans cela le ban ne serait pas rompu.

— Oui, c’est le vieil usage de notre bonne Saxe, Gottfried

— Oui, libre et gueux, interrompit peu obligeamment Johann.

— Puisque Dieu ne permet pas ; ajouta Ulrich, qu’ils soient libres et seigneurs.

— Johann, irez-vous dans trois jours à cette cérémonie ?

— Par obéissance, mon père, car la vapeur du charbon m’étouffe, et sa poussière me fait tousser. J’aime peu, d’ailleurs, assister à la grosse joie de ces gens qu’on affranchit ; il y en aura bientôt autant de libres que d’esclaves. Mais, par obéissance, j’irai.

— Et vous, Ulrich, iriez-vous à la mine ?

— Par obéissance, mon père, et par curiosité. Je n’ai encore visité aucune de vos mines, qu’on dit si profondes.

— Gottfried ! Ulrich, mon fils bien-aimé, sera présent, dans trois jours, à l’affranchissement du mineur. — Nous ne voulons pas, Johann, vous exposer à être malade ; vous êtes délicat comme votre mère. Soyez toujours l’un et l’autre bons comme elle.

Et le graf porta son regard et le fixa sur le portrait à fond d’or qui surmontait la cheminée. La comtesse avait dû