Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mes frères en Jésus-Christ,

Le premier devoir du chrétien, c’est l’humilité, qui renferme la soumission exclusive à notre saint-père, l’obéissance au prince. Le très-inconnu et très-pauvre moine qui est devant vous…

— Très-inconnu, c’est vrai, interrompit une voix.

— Merci ! dit tout bas l’orateur.

L’Électeur le regarda avec bienveillance.

— … Est le seul qui ne puisse se faire un mérite de ce devoir, lui plus ignoré que les sources du Nil, qui a vécu sous le fouet de la discipline, qui a demandé son pain à la porte des heureux. L’effort de sa soumission serait si peu méritoire, qu’il n’ose le faire valoir pour lui ; c’est pour vous, frères !

On continuait toujours à sortir de l’église.

— Frères, — et son œil gris devint bleu, et son visage leva comme la pâte que le feu surprend ; — Frères, l’église universelle, Rome, nous honore chaque année de ses légats qui viennent chez nous recueillir dans leurs bienheureuses mains l’or du repentir, et cet or, vous le savez, rachète vos fautes et vos crimes.

Il y a, dans la manière de poser les questions comme dans la manière de se mettre en garde, bien des choses décisives. Quelques-uns se rassirent.

— Soyez bénie, Rome, vous qui avez cette puissance ! car le premier devoir du chrétien, c’est l’humilité qui renferme la soumission exclusive à notre saint-père, l’obéissance au prince.

Cet or, que les légats emportent, c’est d’abord le cuivre du tailleur, — vous êtes peut-être tailleurs, quelques-uns