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genou, horrible blessure qui le coucha pendant deux mois sur un lit de l’hôpital Saint-Louis ?

Voici pourquoi.

Marcelin, voulant devenir électeur et ne payant que deux cents francs de contributions, s’insurgeait pour abattre une dynastie qui n’acceptait que des électeurs à cent écus. Le pot de fleurs avec lequel il tua un Suisse signifiait ceci : Je veux être électeur à deux cents francs. Comme si le malheureux Suisse y pouvait quelque chose !

Ce que voulait Marc se devine : l’avènement de toutes les intelligences, leur entrée à la Chambre à la faveur du libre choix de tous les citoyens. Puisque les marchands de draps, de toiles, de savon, de cuirs, de vermicelle, puisque les chapeliers, les carrossiers, les tailleurs, et tout ce qui vend et trafique a le droit, de par l’argent, d’être éligible, je veux me battre pour que le savant, dont les procédés perfectionnent le drap, rendent la toile plus blanche, le savon plus doux, soit aussi reconnu digne de s’asseoir à la chambre des députés entre un tanneur et un carrossier.

Marcelin obtint ce qu’il désirait : il fut électeur à deux cents francs.

Pour avoir écrit ce qu’il désirait, pour avoir exprimé dans une brochure, deux mois après la révolution de 1830, le motif pour lequel il s’était fait meurtrir le genou, Marc fut arrêté et traduit devant le jury.

Savez-vous quel était le chef de ce jury appelé à juger Marc pour délit de presse ? C’était Marcelin, Marcelin lui-même !

Il est à peine besoin de dire que Marc, accusé d’avoir