Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma voix pour vendre des chandelles ou des lunettes de spectacle, mais député et pouvant, dire à la France, sans l’intermédiaire des journaux, toujours si avares de justice, mes grandes, mes utiles découvertes. Car ne crois pas que je sois un rêve-creux, un alchimiste, un astrologue ; je veux l’utile, mais je le veux immense, infini, faisant le bonheur de tous, comme Parmentier et Jenner le trouvèrent, et non l’utile comme tu le poursuis, propre à enrichir toi seul.

— Et pour t’enrichir, toi aussi, Marc.

— Moi ! Encore une fois cesse de m’associer à tes calculs de droguiste. Ils ne m’inspirent que du dégoût. Je t’ai dit de sortir tantôt. J’ai été dur, j’étais en colère. Tout simplement séparons-nous. Tu es l’homme de la fabrique, va à la fabrique ; moi je suis l’homme du laboratoire, je reste ici. Sans nous haïr, sans nous nuire, tâchons de vivre l’un sans l’autre.

— Puisque tu le veux, dit Marcelin, nous nous séparerons. Aussi bien nos goûts sont différents, nos opinions ne se ressemblent pas, ajouta-t-il, voyant que tout espoir de rester auprès de Marc pour lui dérober d’autres secrets devenait impossible. Mais, comme tu l’as dit, nous ne nous nuirons pas pour cela. Nous nous retrouverons dans les occasions difficiles où nous aurons besoin l’un de l’autre. Le lendemain matin, Marc et Marcelin se firent leurs adieux.

Marcelin aurait depuis longtemps provoqué cette séparation s’il n’eût toujours été retenu par la pensée de dérober quelques étincelles au vaste foyer de connaissances de son ami, quelques miettes, quelque savant procédé,