pandre sur tout. Que la France parut une contrée d’enchantement aux Brady ! elle leur fut une seconde patrie ; car la patrie c’est un peu le cœur ; on appartient au pays qui le rend content.
C’est dans une campagne voisine du bois de Boulogne que la famille Brady était venue se retirer, attirée en outre vers ce délicieux endroit par la réunion d’autres familles anglaises qui y passaient la belle saison.
Voulant autant qu’il était en lui se montrer bon compatriote, sociable, sans morgue, malgré sa fortune peu ordinaire, lord Brady résolut, d’accord avec sa femme et sur le vœu de ses deux filles, de donner une fête pour inaugurer son arrivée en France, et son séjour au milieu de ses amis du bois de Boulogne.
Mais ce sera une fête d’enfants, Hanna chérie, dit-il à sa femme, ils en feront les honneurs comme ils en seront les délices. Le bal, les jeux, la collation sous les arbres, le concert, le feu d’artifice, tout pour eux.
On se peint aisément cinquante petites filles et autant de petits garçons bondissant, eux et leurs balles, sur le gazon ; montant et descendant à l’extrémité d’une escarpolette ; allant et venant dans l’air étourdi de leurs cris sur la corde balancée ; tournant et retournant sur des chevaux de bois ; on se figure leurs milliers de petits cris, de petits gestes, leurs petits yeux étincelants d’impatience et de feu ; il neigeait des enfants.
Lord Brady et sa femme n’étaient pas les moins heureux de tous les parents qui se fondaient de ravissement à voir leurs fils et leurs filles si joyeux, si infatigables, si rouges, sous les marronniers.