Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il sera à nous ! s’écria-t-il en mettant le pied sur le pont des Arts.

— Messieurs, messieurs, leur cria l’invalide, c’est deux sous !

L’enthousiasme de Marc reçut un seau d’eau glacée.

— Toujours de l’argent ! dit-il en payant l’invalide.

— Si jamais l’Institut est à nous, reprit Marcelin avec le calme d’un calculateur, je ferai construire des boutiques dans les pavillons latéraux, et, après avoir élevé de deux étages le corps principal, je le louerai à des Anglais qui payent bien.

— Profanation ! s’écria Marc. Et la science n’aura plus de temple, plus d’asile ! Je veux l’Institut pour y appeler tous les savants, tous les véritables savants, ceux auxquels l’intrigue et l’ignorance ferment aujourd’hui les portes. L’Institut n’aura plus de portes.

— Tu éviteras par là les contributions.

— Marchand, boutiquier, trafiquant ! dit Marc. Tu seras donc toujours le même ?

— C’est parce que je ne veux pas être toujours le même que je parle ainsi, répliqua Marcelin.

Rentrés dans leur petit pavillon de Belleville, les deux amis songèrent à s’installer. Avec le peu d’argent que leur avaient laissé le voyage, les commissionnaires et leur propriétaire, ils achetèrent des instruments de physique et de chimie. Leur laboratoire fut loin d’être complet, car il faut commencer par être excessivement riche pour devenir un peu riche avec l’aide de la chimie.

Cependant Marc commença à s’occuper des moyens de perfectionner les verres de lunettes avec lesquels les objets