Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HISTOIRE D’UN FRANC.


Peu d’années avant 1830 vivaient et vivaient fort mal, à Belleville, deux jeunes gens venus à Paris pour faire leur chemin. C’est sans doute pour mieux prendre leur élan qu’ils s’étaient logés à la barrière, entre trois ou quatre cours et six ou huit jardins. Excepté Dieu, qui pouvait supposer que ces deux pauvres provinciaux s’occupaient, dans le fond d’un pavillon, de la grande pensée de parvenir ? Après tout, Napoléon n’était guère mieux installé lorsqu’il vint à Paris pour la première fois. Ce n’est pas le pot qui fait la fleur ; elle se fait où on la place, pourvu qu’elle ait en elle de quoi devenir grande et belle.

Celle comparaison est complétement fausse comme la plupart des comparaisons ; on va le voir.

Qu’étaient spécialement venus faire à Paris nos deux jeunes gens, tous les deux du même âge, — vingt-deux ans, — tous les deux pauvres, tous les deux assez vifs, assez spirituels, pour ne pas démentir leur origine méridionale ?