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ces personnes qui attendent. Seriez-vous fâché de l’erreur, monsieur ?

Interdit, l’inconnu cède, et voilà Reine et lui face à face dans le quadrille avec M. et madame Ervasy.

Ervasy, en exécutant le premier en avant-deux, se penche sur Reine et lui dit :

— Vous saurez tout : soyez prudente.

En répondant à la figure, Reine réplique :

— Je ne veux rien savoir ; je vous arracherai les yeux.

La contredanse était sur l’air : Mon rocher de Saint-Malo que l’on voit sur l’eau, arrangé par Musard.

À la pastourelle, Ervasy ajoute :

— J’ai été obligé, chère Reine, d’accompagner cette dame à Vincennes avant de venir ici. Je n’ai jamais pu m’en séparer ; C’est elle qui m’a conduit par force, ce soir, ici à l’Ermitage, lui ayant dit que quelqu’un m’attendait à Montmorency.

— Je vous dis que je vous battrai comme plâtre ; lui répliqua Reine, si vous remettez le pied chez moi.

Enfin, vint le galop. Profitant du changement de cavalier qu’impose cette dernière partie de la contredanse, Reine, qui avait enlacé Ervasy, l’entraîne à quelques pas plus loin, et va le placer juste en face du prince, dont la présence glaça de honte Ervasy.

Un des premiers banquiers d’Europe, dansant le galop avec une grisette !

Si je ne me trompe, lui dit le prince, en riant, c’est M. Ervasy ?

— Moi-même, prince ; je me distrais… je prends de l’exercice… je danse… je…