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— Je trouve que vous vous êtes assez moquée de moi, répliqua Ervasy du ton le plus décontenancé.

— Me moquer de vous ! est-ce que je rêve ? cependant je ne vois pas le petit nègre.

— Ne faites pas semblant de déraisonner, Reine. Je vous ai surprise : vous avez reçu cet écrin de la part d’un amant. Vous me trompiez.

L’étonnement, la colère, mille nuances de surprise passèrent sur le visage de la blanchisseuse. Ervasy était trop ému pour qu’elle lui demandât s’il voulait plaisanter avec elle. Reine ne laissa échapper que ces mots :

— Mais je croyais que c’était vous qui m’aviez envoyé cet écrin ?

Elle examina ensuite si l’adresse qui accompagnait l’envoi portait son nom.

— C’est bien mon nom : Reine Linon, blanchisseuse.

Tenez, dit-elle à Ervasy avec un désintéressement plein de franchise, gardez-le ; je n’en veux pas, puisqu’il ne vient pas de vous.

— Mais ne soupçonnez-vous personne ?

— Personne.

— Votre propriétaire ?

— Il commencerait, répliqua Reine, par ne pas me faire payer mon loyer.

— Mais c’est un objet de quatre ou cinq mille francs, dit Ervasy.

— C’est grand, interrompit Reine.

— Toujours vous est-il adressé par quelqu’un qui vous aime.

— Les gens qui nous détestent, dit Reine en prenant la