ton maître à la santé. Et que penses-tu, Dauphin, de cette jeune fille qui était avec lui ?
— Ce que je pense ? je n’ose pas vous le dire, monseigneur.
— Pourquoi cela ? Voyons, dis.
— Ce pourrait bien être quelque enfant naturel de M. Ervasy. Quand les riches n’ont pas d’enfants chez eux, ils en ont toujours chez les autres, disait mon père.
— Tu as raison, Dauphin. Mais, passons là-dessus ; bornons-nous à nous réjouir de l’amélioration survenue dans la santé de ton maître. J’ai quelques affaires pressées…
— Monseigneur, je serai toujours à vos ordres.
Dauphin sortit.
Le prince sonna.
Son secrétaire parut.
— Prenez deux cents louis sur vous.
— Oui, monseigneur.
— Sortez et achetez une parure en émeraudes de quatre mille francs, environ. Vous envelopperez l’écrin dans un papier très-commun, solidement, mais grossièrement cacheté, et sans dire qui l’envoie, vous laisserez ce paquet au portier d’une maison du faubourg Saint-Honoré, dont voici le numéro.
— Lisez-vous bien le nom ?
— Oui, monseigneur :
« Mademoiselle Reine Linon, blanchisseuse. »
— Très-bien. Allez, ne perdez pas de temps ; je vous recommande surtout de ne pas descendre de voiture devant cette maison.
À l’aide d’un raisonnement où la bonté du cœur et la