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V.

Dauphin, le chasseur de M. Ervasy, fut introduit chez le prince, dans un hôtel de la rue de l’Université. Très-familier, comme le sont tous les grands seigneurs, quand ils espèrent tirer parti de la familiarité, le prince le reçut dans une salle basse donnant sur le jardin de l’hôtel.

— Vous savez, dit-il au chasseur, respectueusement debout devant lui, les conditions auxquelles je désire attacher un chasseur à ma personne ?

— Oui, monseigneur, et ces conditions me conviennent.

— Dans quelle maison êtes-vous en ce moment ?

— Chez M. Ervasy, banquier, faubourg Saint-Honoré.

— Je le connais beaucoup, répliqua le prince, qui ne voulait pas, si, par impossible, Dauphin se souvenait de l’avoir vu chez M. Ervasy, paraître d’abord s’entourer de mystère.

— Vos gages sont-ils satisfaisants ?

— Très-beaux, monseigneur.

— Vous traite-t-on avec douceur, avec bienveillance ?

— Je n’ai qu’à me louer de la bonté de mes maîtres. Le prince parut réfléchir un instant.

— En vérité, reprit le prince, il m’est pénible de vous détacher d’une maison dont vous n’avez qu’à vous louer. J’hésite.

Le chasseur se repentit d’avoir rendu une justice si complète à ses maîtres ; il chercha aussitôt à réparer le mal.

— Je suis bien, sans doute, reprit-il, cependant j’ai sou-