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lence sur les intrigues de sa sœur, la princesse Amélie, avec le baron de Trenk. Henri IV évitait avec le plus grand soin les occasions de découvrir les infidélités de ses maîtresses, dont les caprices n’étaient pas toujours selon leur rang.

— Elle pourrait mieux choisir, pensa le prince ; mais enfin puisque c’est son goût, qu’elle le satisfasse. Il faut le respecter.

Après la réflexion, une idée lui vint. Il examine le chasseur de madame Ervasy, l’étudie avec la pénétration des hommes de cour, lesquels, par condition, par habitude, par nécessité, sont les meilleurs physionomistes du monde. Il prend ensuite une note au crayon et regagne froidement sa loge.

M. Ervasy entrait dans la salle. Soit qu’il n’eût pas vu Reine Linon, soit qu’il eût été traité par elle plus mal que de coutume, il parut fort abattu en s’asseyant auprès de sa femme. Sa tristesse était silencieuse. Il eut à peine quelques paroles polies ; ses réponses se faisaient attendre ; il soupirait. C’est décidément un homme perdu si je ne puis le jeter dans un autre ordre d’idées, pensa sa femme ; il lui faut une diversion puissante et prompte. Quoi qu’il m’en coûte, j’emploierai celle que j’ai imaginée.

— Dauphin, dit-elle en ouvrant l’a porte, n’oubliez pas demain de me prendre à l’administration de l’Opéra cette même loge ; elle est fort commode. On jouera après demain Fernand Cortez. Je ne connais pas cet opéra ; je veux l’entendre.

— Oui, madame.