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Des lumières et pas de lustres, murmurait madame Ervasy.

— Un appartement où il y a quatre côtés et pas de murs.

— Quatre côtés et pas de murs… Que dit-il ?

— Oui, madame, et pas de plafond.

— Et pas de plancher non plus ? s’écria madame Ervasy avec impatience.

— Pardon, madame, il y a un plancher, et un solide plancher encore, puisqu’il porte d’énormes poutres poussées dans tous les sens par des hommes vigoureux. On voit aussi des cordes qui tombent, des cordes qu’on tend et de grandes boiseries pendues au bout de ces cordes.

— Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! se dit madame Ervasy, — je le comprends maintenant. Le décor qu’il préfère est celui qui précède le décor dont je lui parlais. Elle se tourna brusquement vers la salle pour étouffer dans son mouchoir le fou rire dont elle fut saisie.

Comment n’aurait-elle pas cédé à cet accès de gaieté ? Ce décor, personne ne l’ignore, ce décor, chef-d’œuvre de l’art pour le chasseur de madame Ervasy, représente un intérieur des coulisses avec les portants, les cordes, les poulies, les contre-poids, le derrière des frises, les tringles enfin, avec la plupart des moyens mis en usage par les machinistes pour faire mouvoir et fixer à leurs places les véritables décors. On a imité dans le Diable boiteux la physionomie de ces sortes de charpentes fort ennuyeuses dans leur état réel aux yeux de ceux qui ne peuvent s’en expliquer l’utilité. C’est au troisième acte qu’est placé ce décor : on le voit quand la danseuse, chargée du principal rôle du ballet figuratif qui s’emboîte dans le ballet même, le Diable