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rées : une belle figure, une taille de lancier, de fort beaux cheveux noirs, un air tout à la fois tendre et soumis. C’est un chasseur de la nouvelle école.

Le lendemain, au moment où Ervasy, après avoir pris le thé, allait, selon l’usage, passer dans son cabinet pour parcourir les journaux, sa femme sonna et fit demander son chasseur.

Dauphin, le beau chasseur, s’empressa de se rendre aux ordres de madame.

— Dauphin, lui dit-elle avec un grand sérieux, vous vous négligez depuis quelque temps.

Du pâle rose, le chasseur passa au rouge éclatant, en, essuyant cette critique de madame Ervasy.

— Oui, vous vous négligez. Votre habit date du printemps dernier ; vos épaulettes sont trop grêles, et j’ai remarqué plus d’une négligence dans votre chaussure. Votre pied n’est pas mal, mais changez votre marchand de vernis. Mettez donc aussi quelquefois le pantalon de casimir blanc que l’on vous a donné.

— Me permettez-vous de disposer ce soir de Dauphin, demanda ensuite madame Ervasy à son mari ?

— Entièrement, répondit celui-ci sans s’informer de la visite ou de la course que sa femme méditait.

— Je vais à l’Opéra ; ne viendrez-vous pas m’y chercher ?

— Puisque vous le désirez, j’irai vous y prendre vers dix heures et demie.

Il se leva pour passer dans son cabinet.

— Encore un instant. J’ai à vous consulter, mon ami.

Après être montée sur un tabouret, madame Ervasy dit,