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hôtel, où il vous a aperçu. Qu’est-ce que je vais devenir, moi ? Vous ne pourrez pas me mener dîner à Saint-Germain, me conduire au cirque des Champs-Élysées, ni me faire prendre des glaces à la Rotonde, ainsi que vous me l’aviez juré sur l’honneur.

— Tout ce que je t’ai promis se fera, mais ôte-toi de l’esprit ces chimères, je ne suis pas si millionnaire qu’on te l’a assuré. Je suis à l’aise, te l’ai-je caché ? L’hôtel où je suis…

— Vous voyez, vous avez un hôtel.

— Il est à mon oncle. Mes chevaux…

— Vous avez des chevaux ?

— Ils sont très-maigres ; et ils me viennent d’une succession.

D’avance, Ervasy parait à toutes les fâcheuses éventualités résultant d’une position dévoilée.

— Mes domestiques…

— Est-ce qu’ils proviennent aussi de la succession ?

— Non. Mais ils sont au service de ma femme qui a toute la fortune. Avec les apparences, d’une belle position, je ne suis pas plus heureux qu’un commis à quatre mille francs.

— Ne me dites-vous pas cela pour me rassurer ? Est-ce que je pourrais croire à la durée de votre amitié si vous étiez à même d’entretenir tout l’Opéra, toute la Comédie-Française et tout le Cirque-Olympique ?

— Je t’assure que je te dis la vérité.

— Bien sûr ?

— Bien sûr. Tu ne m’en veux plus, Reine ?

— Vous êtes bien mouillé, n’est-ce pas ? Quelle folle je