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ment profond, et le landau tourna pour descendre les boulevards.

Il partit. J’entendis ces mots : — Katty ! Kalty ! pourquoi cela ?

Je me laissai tomber sur une chaise du café de Paris, n’osant plus même tourner la tête du côté où j’avais vu disparaître le landau, ces figures pâles, cette enfant enveloppée d’un blanc cachemire, et qui m’avait annoncé si solennellement sa mort prochaine, sa mort dans un an !

La nuit me chassa, et j’avoue que de toute la soirée je n’eus ni pitié ni aumône pour ces montagnards d’enfants qui, la veille, m’assaillaient avec avantage au nom de leurs mères malades et de leurs pères perdus dans les glaciers de Chamouny.

— Rien ! rien ! pour vous. Vous ne mourrez pas dans un an ! Laissez-moi.

J’avais tort. Mais je ne raisonnais pas, je souffrais.


II

Depuis dix jours j’avais cessé de me rendre au boulevard des Italiens. Ma promenade avait changé de but. Vous en devinez la raison.

Un matin on m’annonce la visite d’un étranger. On me dit son nom : le révérend William Anderson. Il entre ; c’était le chapelain de la petite Irlandaise.

— Asseyez-vous, monsieur Anderson.

— Vous excuserez ma visite ; je viens vous remercier plus cordialement que la circonstance ne permettait de le