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gardant autour de lui, comme s’il eût laissé tomber des paroles blessantes pour l’état.

De peur que l’allusion ne fût pas assez transparente, il ajouta :

— M. Fleuriot, votre gendre ; ne me paraît pas excessivement aimer le commerce de la droguerie. Il ne serait peut-être pas fâché de vendre le fonds, s’il en trouvait un bon prix.

— Vendre le fonds ! s’écria Richomme, vendre le fonds ! Il nous faudrait plus que cela pour nous achever ! Il le vendrait à quelque misérable successeur, qui effacerait dans le souvenir du quartier le passé de notre maison, connue partout, dans la province comme à l’étranger. Oh ! non ! il ne vendra pas le fonds !… J’ai d’autres projets.

Richomme se trahissait.

— D’autres projets ! s’écria Fournisseaux, qui, de son côté aussi, laissait trop voir qu’il avait compris Richomme.

— D’autres projets ! Vous voudriez peut-être rentrer dans le commerce de drogueries, vous remettre à la tête du Balai d’or ?

— J’ai mieux que cela en tête, Fournisseaux : tu verras.

Et la nuit s’était écoulée dans ces propos délicieux échangés entre M. Richomme et Fournisseaux.

Enfin le grand jour se leva sur la vie de Fleuriot. Avant la fin de ce jour précédé de tant de vœux, de tant d’espérances, il serait un représentant de la France, un des députés de Paris. Ainsi que la veille, M. Richomme l’accompagna au comité électoral, où ils virent défiler solen-