Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— La série des questions étant épuisées, dit le président, la séance est levée. Demain on votera ; à six heures du soir le dépouillement.

— Tu seras nommé, dit tout bas Richomme à son gendre ; sais-tu pourquoi ?

— Parce que vous avez bien voulu prendre la parole pour me justifier ; pour…

— Ce n’est pas cela ; c’est parce que tu es seul candidat. Ne t’avais-je pas dit que la disparition de l’enseigne te porterait malheur ? Demain tu me feras l’amitié, mon gendre, de mettre des gants violets, et de venir voter à pied.

— Mais, monsieur Richomme…

— Je serai aussi à pied et je n’aurai pas de gants.


XV.

Il était avéré pour tout le monde, pour tous les électeurs, que, sans l’intervention de M. Richomme, son gendre aurait complètement échoué devant l’assemblée préparatoire des électeurs, et sa nomination ne semblait assurée que parce qu’il était, comme l’avait dit aussi M. Richomme, le seul candidat sérieux. La maison se disposa à de grandes fêtes, à des dîners de reconnaissance, à des bals où seraient invitées les femmes et les filles d’électeurs. Richomme ne trouvait pas encore trop à redire à ces projets bruyants, à cause du bonheur de se sentir renaître et vivre au milieu du mouvement qui se faisait autour de