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tience et difficulté, votre fortune et votre réputation ? Il y a bien des dorures maintenant dans le magasin de l’ancien Balai d’Or.

D’un geste, Richomme empêcha son gendre de répondre.

— C’est moi, messieurs, qui ai exigé ces changements, répliqua-t-il ; je ne voulais pas imposer un mobilier suranné à ma fille, qui, comme toutes les jeunes femmes d’aujourd’hui, n’aime pas à se montrer dans un magasin où le gaz n’a pas remplacé l’huile, à la clarté de laquelle nous avons pourtant réalisé de si solides capitaux, et où les peintures, les dorures et les glaces ne font pas pardonner l’odeur de la cire en pain et la poussière du cacao ; Consultez vos femmes et vos filles, et vous serez ensuite plus indulgents pour mon gendre.

— Où vous asseoirez-vous, si vous nous représentez à la chambre ? s’informa un électeur fort acharné à reproduire sa question.

Comme Fleuriot avait, non pas la modestie de relever d’un chef d’opinion, mais l’orgueil d’en être un, et de vouloir qu’on se dirigeât d’après lui, il fut obscur, prétentieux, inintelligible dans ses réponses. Sans son beau-père, il perdait du coup la partie.

— Où s’asseoira mon gendre, demandez-vous ?

— Oui ! oui !

— Il s’asseoira sur un ballot de marchandises.

— Bravo ! bravo ! crièrent les électeurs, dont la position était tournée, et qui ne s’apercevaient pas qu’un mot heureux les payait du mot précis qu’ils attendaient.