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tout à l’heure, que tu ne sortiras que de ton propre gré de la maison du Balai d’or, malgré monsieur mon gendre et ses grands airs. Écoute-moi encore. Je ne puis prendre tout seul l’engagement d’aller à Paris ; il faut que je consulte madame Richomme. N’en déplaise au jeune commerce, le vieux ne s’en trouvait pas mal de cette déférence envers nos femmes. J’espère cependant la décider à me laisser partir. Alors compte sur l’effet de ma présence. Mon gendre, qui n’est pas un méchant garçon au fond, m’entendra. J’ai aussi mes projets. Mais ne gâtons rien par trop de précipitation. Il est déjà tard, j’ai du chemin à faire pour me rendre aux Petits-Déserts ; quittons-nous.

Dans mes bras, Fournisseaux !


XI.

Dans sa conférence avec son maître, Fournisseaux n’avait pas exagéré les fâcheuses altérations que l’ancienne maison du Balai d’or avait éprouvées depuis quelques mois. Il avait même laissé dans l’ombre les faits qui auraient trop blessé au vif la sensibilité paternelle de M. Richomme, l’ayant déjà vu si affligé de la conduite de Fleuriot, son successeur commercial. Il ne lui avait pas dit combien son gendre, par son ambition despotique, ses nouvelles amitiés prises dans une sphère élevée, par ses préoccupations politiques si mortelles à son activité industrielle, rendait sa femme plus triste de jour en jour. S’il lui avait loué une loge à l’Opéra, c’était moins pour qu’elle y goûtât le plaisir d’entendre de la bonne musique que