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Voilà le commerce. Savoir attendre, savoir livrer ! Bois, Fournisseaux !

— À votre santé ! monsieur. Vous rajeunissez à vue d’œil, monsieur Richomme, depuis que nous causons. C’est si beau, le commerce de la droguerie.

— Oui, Fournisseaux, quand on le fait avec réflexion, avec probité.

— Et vous le faisiez comme un roi, vous, monsieur.

— Tu me flattes, Fournisseaux.

— Comme vous parliez aux uns, aux autres, sans vous troubler, sans vous tromper de fiole. Assis sur un ballot de marchandises, pas plus fier que ça, vous répondiez : J’achète ! je prends pour vingt mille francs ; j’achète à livrer ; je garde ; et tous les courtiers vous saluaient jusqu’à la porte. À vos ordres, disaient-ils, monsieur Richomme.

— Tu as bonne mémoire, Fournisseaux.

— Comme vous manipuliez les affaires.

— Oui, j’avais quelque habitude.

— Vous les regrettez un peu, n’est-ce pas ?

— Fournisseaux !

— Ça vous remue quand vous pensez à notre Balai d’or.

— Fournisseaux !

— Non, ni vos arbres, ni vus laitues ne vous ont fait oublier notre rue Saint-Merri, toujours pleine de belles charrettes de marchandises ; là des tas de sucre, là des monceaux de café, là du poivre, là des drogues.

— Fournisseaux ! Fournisseaux ! Eh bien ! oui, Fournisseaux, malgré le bonheur que je goûte dans ma pro-