Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne vous gênerai point, madame, dans vos sympathies, reprit ce dernier ; vous continuerez à vous adresser au prêtre de votre choix et de vos habitudes. Je suis loin de le trouver mauvais. Et M. Richomme ? poursuivit-il, mettant dans sa voix le sens mielleusement interrogatif de sa phrase suspendue…

— Monsieur Richomme, répondit M. Richomme lui-même, a plus fréquenté la Bourse que l’église jusqu’ici. J’aime ma religion cependant, la religion de mes pères.

— Fort bien ! remarqua le jeune curé, et il ajouta mentalement : Comme tant d’autres, il aime la religion pour se dispenser d’aller à l’église.

— Le bon prêtre des Incas est de mon goût, par exemple, ajouta M. Richomme.

— Je ne connais pas le prêtre des Incas, fut la réponse du curé, que suivit cette autre réponse du naïf Troussier :

— Le prêtre des Incas ne nous est pas connu ; nous ignorons sur quelle paroisse il se trouve.

— Ou bien, continua M. Richomme, le curé de Béranger. Mais puisque nous traitons de ce sujet intéressant, ajouta-t-il, permettez-moi, monsieur le curé, de vous confier l’embarras où je suis. M. Thompsay peut aussi m’éclairer de ses lumières. En visitant ma nouvelle propriété, j’ai découvert hier, au sommet d’un bouquet de bois, au centre de mon parc, sur un tertre…

— Vous avez découvert un tombeau, celui que M. Troussier et moi avons béni il y a deux ans. La femme de votre prédécesseur y est inhumée : une âme sainte !

— Je n’en disconviens pas, monsieur le curé ; mais vous comprenez aussi bien que moi ce qu’il y a de gênant