Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parleurs, mais francs d’esprit, tels qu’ils sont, en un mot, dans les meilleures peintures des livres fameux. Qu’ils sont attrayants, sous des formes diverses, dans Cervantès, La Fontaine, Bernardin de Saint-Pierre, philosophes consolants dont il faut croire les paroles sensées, puisqu’ils ont l’autorité du génie et de la renommée. Et M. Richomme y croyait de toute la puissance de ses lectures. Cependant, comme les temps ont marché depuis qu’on s’assemblait à la veillée, sous le chaume, à la lueur tremblotante d’une mèche nageant dans le suif et en face d’un pot de cidre, le propriétaire des Petits-Déserts n’avait pas reculé devant les nécessités du progrès. La pièce de réception était agréablement meublée ; les voisins de campagne allaient trouver chez lui des tables de jeu, des gâteaux en abondance, des rafraîchissements, un bon feu, un luxe convenable de lumières, des fauteuils pour la mollesse ; et qui ne l’aimé pas à la campagne ? des tapis, et même un piano, pour complaire aux musiciennes naïves invitées à ces soirées cordiales. Heureuses, attentions, récompensées cent et cent fois par la joie qu’elles donnent à ceux, qui en sont l’objet ! Comment dessiner dans le sable d’or des soirées un cours plus tranquille aux heures de la maturité et de la retraite ? Que la parole des anciens sages de l’antiquité était noblement justifiée : Je commence à vivre, je vieillis.

À huit heures, l’un des deux manufacturiers anglais ; accompagné de ses deux neveux, s’était déjà rendu à l’invitation de M. Richomme, qui avait déployé ; dans la réception les plus prolixes formules de politesse. Austères sous leurs habits de dimanche, M. Thompsay et ses neveux s’étaient rangés d’un côté de la cheminée, l’un étroi-