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VIII.

Enfin, après-bien de pénibles soubresauts et de longues haltes, la carriole atteignit la propriété des Petits-Déserts, dans les parages de Montereau. Comme il était fort tard lorsque M. Richomme et sa femme mirent pied à terre chez eux, ils travaillèrent une partie de la nuit, aidés de leurs nouveaux domestiques, à rentrer les meubles indispensables. Les murs du plain-pied étaient humides, mais c’est tout naturel ; pensa M. Richomme, les appartements n’ont pas été occupés depuis l’arrière-saison, et d’ailleurs le dernier locataire manquait de soins, — ce qu’on dit toujours des derniers locataires. En frissonnant, il mit du bois dans tous les foyers, dans le double but de chauffer la maison et de se chauffer lui-même. Un quart d’heure après, la maison était noire de fumée ; on y étouffait. Je n’avais pas prévu ce léger inconvénient, pensa encore l’heureux propriétaire qui toussait à tous les coins ; après tout, le temps est à la neige, et il est également possible que le dernier locataire n’ait pas fait ramoner les cheminées. Quels vices n’ont pas les derniers locataires ? Cependant les meilleures explications n’ayant pas la vertu de dissiper la fumée, Richomme ouvrit toutes les croisées, et il jouit aussitôt d’un air parfaitement glacial ; sa pauvre femme grelottait, sans avoir autant de philosophie que lui. Quand le bois fut consumé, la fumée cessa ; et la maison ne fut pas plus chaude. Loin d’être entravé par ce petit accident, dont un homme décidé à