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— Je reste !

— Mais, Valentine, songez…

Valentine ôta nerveusement son chapeau, qu’elle lança avec colère sur le divan.

— C’est résolu ! je reste, vous dis-je…

— Eh bien, adieu, alors…

— Adieu !

Georges sortit, et Valentine tomba, troublée, indignée, émue et désolée, dans un fauteuil.

— Décidément, dit-elle baignée dans la douleur et les larmes, le calme est pour lui la vie impossible ! jamais les paisibles joies du foyer, les sensations de l’existence intérieure qu’il rêvait tantôt près de moi, à cette même place, n’éteindront la dévorante, l’implacable ardeur de son âme de feu. Les émotions violentes, les plaisirs succédant sans fin aux plaisirs, voilà ce qu’il faut pour la remplir, et c’est avec de l’or, toujours de l’or, qu’on achète ces plaisirs et ces émotions ! Trouvera-t-il cet or dans les restes confus d’une fortune tarie, dont les dernières gouttes s’en vont par ses deux mains ouvertes ? La misère plane déjà sur lui, elle va le saisir. La misère ! la