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mière fois à Georges de Blancastel comprima la fin de la phrase de Valentine ; les larmes n’étaient pas encore aux yeux, mais elles se détachaient du cœur et attendrissaient déjà sa voix.

— Voyons, pardon, Valentine, pardon ! j’ai tort, c’est ma faute ; vous avez mille fois raison. Ah ! que ne vous ai-je écoutée ! Endormi dans le calme, je m’éveille dans la tempête.

La main de Valentine chercha celle de Georges toute frémissante sur le bord du fauteuil.

— Je cours à un naufrage.

— Georges !

— J’ai réalisé tous les héritages qui me revenaient ; les emprunts usuraires sont épuisés. Ah ! s’il était vrai que je fusse aussi près de ma ruine que vous me le faites craindre !… — Heureusement, cela n’est pas, cela ne peut pas être. — Que me reste-t-il donc ? — Les appels à l’amitié ; ceci représente mille écus et beaucoup de honte. La meilleure ressource, en pareil cas, c’est d’aller tout simplement chez Devismes, au coin du boulevard. Celui-là vous tire toujours d’affaire.

Valentine demanda naïvement :

— M. Devismes, est-ce un banquier ?