Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Volontiers.

Et, debout, devant Vaudreuse, Ambroisine se disposa à lui arranger la cravate ; tâche délicate pendant laquelle ses beaux cheveux châtains effleuraient les lèvres du jeune homme.

— Elle est vraiment adroite comme une fée, pensait-il. Je ne sens pas ses doigts. Jamais personne ne la remplacera. C’est un oiseau.

Singulier désir, Vaudreuse eût souhaité qu’Ambroisine se fût trompée, qu’elle n’eût pas tout de suite réussi, pour avoir le plaisir de l’avoir plus longtemps ainsi sous les yeux.

Et en effet, Ambroisine s’était trompée ; le nœud ne vint pas à la première fois. Elle recommença avec plus d’attention ; et, pour être plus sûre d’elle-même, elle retira ses gants. La peine ne fut pas perdue ; le nœud fut ce qu’il était toujours, un modèle de perfection. Vaudreuse retint dans ses mains les deux mains d’Ambroisine et les couvrit de caresses. La reconnaissance fut plus forte que tout ; elle alla si loin, que Vaudreuse ne sortit pas de la journée et qu’Ambroisine était encore chez lui quand arrivèrent, pour souper, Léonard, Stephen et Anatole.

Le couvert était mis, les bougies illuminaient les cristaux de la table ; les domestiques, la serviette sur le bras, allaient de la salle à manger à la cuisine. Quand