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manière de me coiffer. » À la suite de cette héroïque résolution, il abattit ses cheveux en masse et les lissa.

— À présent, dit-il avec une aigre ironie, j’ai l’air d’un chasseur de bonne maison. Je puis me présenter dans le monde.

Voyons si je serai plus heureux à nouer ma cravate.

On a écrit un beau livre sur l’art de mettre sa cravate ; l’auteur y donne d’admirables préceptes ; mais pourquoi, au lieu de préceptes, ne donne-t-il pas un domestique, un ami, quelqu’un qui sache entourer le cou de ce tissu, frise élégante du monument de la toilette ?

Vaudreuse portait supérieurement ses cravates, mais jamais il n’avait su les nouer. On devine celle qui prenait cette peine pour lui.

Cependant il tenta de résoudre la difficulté. Le résultat fut, après des essais plus malheureux les uns que les autres, qu’il faillit s’étrangler, tant, dans son désespoir il serra la dernière cravate autour de son cou.

Malgré lui, sans que sa volonté y fût pour quelque chose, il se prit à appeler : Ambroisine ! Ambroisine ! Ambroisine !

— Me voilà ! me voilà ! répondit une voix charmante Qu’y a-t-il ?

— Une dernière complaisance, mon amie. Nouez-moi ma cravate.