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VI


Quel délicieux musée qu’un cabinet de toilette ! Quelle satisfaction n’éprouve-t-on pas à contempler en détail ces utiles frivolités de la vie civilisée ! C’est à émerveiller le regard que ces lames d’acier forgées par l’Angleterre, cette reine du monde et bien plus encore de la propreté ; que ces limes inventées pour donner aux ongles une coupe ovale, suavement voûtée comme la nacre ; que ces brosses rudes et douces qui vont chercher un atome dans les linéaments de la peau ; que ces fers calculés avec une adresse infinie pour isoler les dents, comme autant de perles, et les enchâsser autour du diadème de la bouche. Pourquoi la mémoire n’est-elle pas reconnaissante envers ces Lavoisiers modestes, créateurs de neiges odorantes, qui attendrissent les chairs, éclaircissent le teint, et font de l’homme, ce cadavre vivant, un jardin embaumé, une peinture flamande, une créature souple,