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— Eh bien, c’est fini. Il était trop tard pour qu’elle s’en allât dans la nuit ; mais à trois heures elle ne sera plus ici.

— Vraiment ! Voilà pourquoi je te trouve un peu triste : cela se conçoit. C’est un mauvais pas ; mais il est franchi. Tu es libre.

— Oui, libre ! comme tu dis.

Vaudreuse étouffa un soupir en s’enveloppant dans son peignoir et en s’accroupissant au fond d’un fauteuil.

Il se fit un moment de silence entre les deux amis ; ils purent entendre alors les bruits de la pièce voisine. C’étaient des pas multipliés, des fauteuils qui roulaient sur le tapis, des cordes qu’on nouait.

À un frémissement harmonieux, Vaudreuse passa soucieusement sa main sur son front et la laissa couler le long de ses fines moustaches.

Il ne put s’empêcher de dire :

— C’est le piano qu’on emporte. Tu vois que c’est fini. Un excellent instrument, ajouta-t-il.

— N’est-ce que l’instrument que tu regrettes ? Vaudreuse, Vaudreuse ! la chaîne n’est pas encore brisée.

— Quelle idée !

— Veux-tu m’en croire ?

— Parle, Anatole.