— C’est Edith, ma levrette ! s’écria Ambroisine, et je la réclame. Elle ne sera pas oubliée comme mon portrait.
— Et moi je la veux aussi ! repartit vivement Vaudreuse. Elle restera ici où elle a été élevée.
— Elle me suivra ! car c’est moi qu’elle aime le mieux. Pauvre petite chienne ! penseriez-vous jamais à lui donner du lait le matin ?
— Je prendrai, madame, un domestique qui en aura soin ; un groom exprès pour elle. N’ayez donc nul souci.
— Après tout, répliqua Ambroisine, Édith est à moi ! c’est une tyrannie grossière de m’empêcher de l’emporter.
— Ne vous mettez pas si fort en colère, madame, je vais lui ouvrir la porte ; quand elle sera libre, nous verrons avec qui de nous deux elle voudra rester. Son choix décidera entre nous.
— Essayez, monsieur, faites !
La femme de chambre ouvrit la porte à la petite levrette, qui se trouva aussitôt placée dans l’alternative de suivre sa maîtresse, qui la regardait à un bout de l’appartement, ou de demeurer avec Vaudreuse, qui avait aussi fixé ses yeux sur elle.
Une double, une égale affection la scella à la même place, caressant Ambroisine d’un mouvement de tête, accompagné de tendres petits aboiements, et flattant son maître d’un frétillement de sa petite queue émue. La